Diversification ou concentration d’un portefeuille ? Une conclusion à individualiser en fonction du profil de l’investisseur…

La question de la diversification d’un portefeuille d’actions ou de sa concentration fait partie des dilemmes de gestion qui taraudent habituellement l’investisseur en bourse.

 

Nous avions écrit il y a quelques mois l’article Et si la diversification n’était pas toujours de raison ? et avions déjà entamé cet éternel débat sur la meilleure solution à adopter entre concentration et diversification d’un portefeuille d’actions.

Mais si l’erreur de ce débat était dés le départ d’essayer de le traiter dans un cas général, sous-entendu en supposant qu’une fois tranché, son verdict s’appliquerait ensuite indifféremment à n’importe quel investisseur.

Juste en y pensant, cette idée me rappelle les démonstrations par l’absurde qu’on nous enseignait en mathématiques lorsque j’étais étudiant. Il s’agissait de supposer une hypothèse comme valide, et puis par un jeu de cause à conséquence, montrer qu’une des conséquences entraînait une incohérence ou une contradiction. On pouvait alors en déduire que l’hypothèse initiale était erronée.

Supposons donc qu’on puisse généraliser la conclusion d’un débat tranché entre portefeuille concentré et portefeuille diversifié :

  • Cela supposerait qu’un jeune de 20 ans avec peu de capital (qui cherche à s’enrichir avec peu de capital et peut adopter une voie de concentration extrême) choisirait la même voie qu’un presque retraité disposant d’un patrimoine conséquent (qui cherchera avant tout à préserver son capital, pour bonifier sa retraite et devra nécessairement être plus diversifié). Cela ne semble pas très cohérent…

Rappelons au passage la citation de Buffett : « La diversification peut préserver la richesse, mais la concentration construit la richesse »

  • Cela supposerait qu’un rentier qui vit de ses dividendes comme source principale de revenus peut choisir la même voie qu’un investisseur encore salarié qui compte faire croître son capital le plus rapidement possible (même si c’est pour devenir rentier dans un second temps). Pourtant, le premier aura besoin d’actions d’entreprises versant des dividendes réguliers, et devra être diversifié sur plusieurs d’entre elles (pour faire face aux aléas de coupe de dividendes), alors que le second n’aura pas cette contrainte (il pourra par exemple adopter une approche value en investissant principalement dans des jeux d’actifs). Cela semble aussi être contradictoire.
  • Un spécialiste/initié d’un secteur industriel (énergie, santé etc.) a peut tirer avantage d’être surpondéré dans ce secteur-là où il dispose de connaissances spécifiques alors qu’un néophyte n’y aura pas a priori intérêt.
  • Enfin, c’est ignorer la psychologie de l’individu. Si un individu a besoin d’un portefeuille diversifié sur 20 lignes, versant toutes des dividendes historiquement croissant (typiquement des Sociétés à grosse capitalisation et disposant d’avantages concurrentiels. ) Pour bien dormir la nuit et ne pas céder à la panique en cas de krach boursier (ce dont il se révèlerait incapable avec un portefeuille concentré), le verdict est sans appel : il doit adopter ce portefeuille diversifié. On peut accepter de réduire son espérance de gain si on se préserve en contrepartie du risque de faire des erreurs importantes voire fatales.

Bref, je pense que nous avons démontré par l’absurde, et plutôt 2 fois qu’une, que la conclusion de cet éternel débat entre diversification ou concentration d’un portefeuille boursier ne pouvait être général et devait donc être adapté et pondéré en fonction de la situation spécifique de chaque investisseur

 

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2 réflexions au sujet de “Diversification ou concentration d’un portefeuille ? Une conclusion à individualiser en fonction du profil de l’investisseur…”

  1. je ne cherche à être ni concentré ni diversifié : le tout n’est qu’allocation de capital.
    Aucune idée du nombre de ligne en portif, il varie d’un facteur huit probablement. Quand je trouve j’achète, et quand la marge de sécurité à été bien assez rognée je n’hésite pas à vendre le ou les titres pour renforcer ou racheter autre chose.
    la même stratégie de base, mais avec une géométrie variable fonction du contexte.

    Merci Julien pour votre travail!

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