L’erreur la plus coûteuse en bourse, déduite de l’observation de ceux qui me demandent conseil.

Comment gagner de l’argent en bourse est la question que se posent beaucoup d’investisseurs. Beaucoup attendent la recette miracle, le tuyau qui leur permettra de placer lucrativement leur argent en bourse. Pourtant, la solution pour gagner de l’argent et investir correctement en bourse est très simple à énoncer et n’a rien d’un secret : c’est tout simplement de savoir éviter de perdre de l’argent et donc d’éviter les erreur coûteuses.

 

Une méthode intuitive pour déterminer l’erreur la plus coûteuse en bourse : ce que me demandent les gens qui viennent m’interroger.

On pourrait citer plein d’erreurs que sont faites par les investisseurs individuels en bourse :  confondre investir et spéculer, prendre une action pour un ticket de loto, acheter une action car on suppose que son marché va croître ou a de très bonnes perspectives sans avoir fait attention en parallèle que le potentiel le plus optimiste était déjà sur-pricé dans son prix, chercher à faire un coup, investir en fonctions des prévisions macroéconomiques etc.

Quand on a écrit un livre sur la bourse qui s’est vendu à un nombre significatif d’exemplaires, on se rend compte que pas mal de gens qu’on croise en diverses occasions et dans divers environnements viennent nous parler actions & marché boursier. Mes aptitudes d’observateur attentif m’ont conduit à remarquer qu’on trouvait en fait 2 catégories parmi ceux-ci :

  • Une 1ère catégorie avec ceux qui voudraient que je leur livre le tuyau miracle. Dans ce 1er groupe, je suis certain qu’aucun n’a lu mon livre, ni même un seul livre sur la bourse. Comme j’en discutais récemment sut un forum  fréquenté par de bons investisseurs, les gens sont en très grande majorité paresseux, sûrement à 90% de la population. Ils cherchent le secret, veulent l’argent, jalousent parfois le résultat de la réussite, mais ils ne sont jamais prêts ni aux efforts, ni à la prise de risques, ni au  temps passé, ni aux contraintes qui vont avec. Bref, ils ne souhaitent pas que vous leur expliquiez la démarche (pourtant ce qui leur apporterait le plus), alors lire un livre qui va prendre quelques heures, pensez-vous…
  • Un 2nd groupe avec ceux qui font des choses en bourse, m’expliquent ce qu’ils font, et me demandent mon avis.

Je réponds souvent aux premiers par de l’ironie, que ceux-ci peuvent d’ailleurs prendre pour un certain dédain. Ils ne m’intéressent point. D’ailleurs, je sais très bien que si je venais à leur livrer le nom de la dernière action que j’ai achetée, ils s’attribueraient les mérites d’un bon résultat final et me feraient grief d’un mauvais. De surcroît, je ne serais plus à leur côté lors du processus de vente, et avec le même titre ils pourraient arriver à faire un résultat très différent du mien. De leur côté, ils supposent que je suis un affreux égoïste qui garde mes tuyaux pour moi.

Ma réponse la plus fréquente : “Non, je n’ai pas de cette action !”

Le 2nd groupe m’intéresse beaucoup plus. Avec ceux-là, je prends le temps de discuter, je leur explique des points de ma démarche, les interroge sur les raisons de certains de leurs choix qui me semblent douteux etc. Bref nous échangeons. Et c’est entre autres de ces échanges que j’ai tiré de ma réflexion l’erreur la plus coûteuse en bourse et ai su en isoler une, mais nous y reviendrons.

Entre temps, je vais vous livrer l’anecdote de la question qu’on me pose le plus fréquemment. Cette question est : J’ai en portefeuille(j’ai vu / j’ai envie d’acheter etc)  cette action. En as-tu dans ton propre portefeuille ?

Ma réponse est dans quasi 100% des cas “Non”. Pourquoi ?

Tout simplement parce que sur les milliers d’entreprises cotées qui me sont proposées par le marché à la vente chaque jour, il m’en suffit d’une petite dizaine (dont je juge le couple qualité/prix attractif) pour me constituer un portefeuille.

C’est-à-dire que sur  le nombre d’entreprises auxquelles je jette un oeil, moins d’1 sur 100 doit passer mon filtre de sélection et atterrir de mon portefeuille boursier.

Ainsi, il est clairement plus difficile pour une entreprise/action d’entrer dans mon portefeuille que pour un candidat à Polytechnique d’avoir son concours ! Si on ajoute à ça que la plupart des petits porteurs français ne connaissent que les actions françaises et auront des yeux interrogatifs à la simple évocation de noms pourtant aussi connus que Berkshire Hathaway ou John Malone, il est évident que quand on me demande “As-tu du Vallourec ?”, la probabilité que je réponde “Non” est en fait particulièrement forte…

Une question récurrente de débutant : “Et mon stop-loss, t’en penses quoi ?”

Une autre chose que je retrouve chez les débutants en bourse (en général chez ceux qui essaient de travailler mais dans la mauvaise voie) est leur croyance que de mettre des stop-loss est une solution miracle.

Quand je leur demande alors “Mais tu veux mettre un stop-loss sur quel titre ?”, ils me répondent “Peu importe”

Ils sont en fait à la recherche de la martingale qui va leur permettre de gagner. Ils établissent des stratégies de money-management, réfléchissent à des méthodes automatiques. Peu importe quelle entreprise ils achètent (ils ne voient pas ça comme un investissement dans une entreprise mais l’achat d’un bout de papier dont le prix doit monter). Si ça peut vous rassurer, moi-même j’ai débuté un jour, et suis passé par là…

Bref, en résumé, un stop-loss, c’est un truc souvent contre-productif qui a plus de chance d’être tapé bien trop souvent, ou de ne servir à rien. Donc ce n’est pas bien utile et même souvent, à l’opposé même de son but initial et de ce que son nom laisserait croire…finalement une source de pertes.

L’erreur la plus coûteuse en bourse déduite par mes observations. And the winner is : la surréaction à l’actualité !

Cette erreur la plus coûteuse est de suivre de trop près les informations et autres news. C’est l’erreur des adeptes de la bourse qui clignote, de ceux qui vont agir en fonction de ce qu’ils ont entendu sur BFM ou lu le matin dans les Echos.

Il y a quelques décennies aux Etats-Unis, on avait constaté qu’en moyenne le lundi était le jour de la semaine où la bourse baissait le plus souvent. Une des explications supposées les plus rationnelles qu’on a su trouver à ce constat était que les gens avaient eu tout le week-end pour s’inquiéter de tout et de rien, et vendaient (ou demandaient à leur courtier de vendre) leurs actions le lundi.

Cette année 2016 aura été caractéristique :

  •  Quelques jours avant le Brexit, les sondages donnaient la victoire d’un maintien dans l’UE favorite. L’investisseur surréagissant aux infos aurait donc acheté en anticipation d’un salut de ce résultat par le marché le lendemain
  • Lendemain, auquel il aurait vendu, alors que la baisse n’a duré qu’un jour avant de se stabiliser.
  • Pour l’élection américaine, il aurait été acheteur avec Hilary Clinton, la favorite de Wall Street, en tête des sondages et la victoire de Trump donnée comme très peu probable.
  • Au lendemain de l’élection de Trump, tous aux abris. il vend. Pourtant le marché a baissé… 2 heures… avant que M.Le Marché ne décide  3 jours plus tard que Trump était finalement un candidat favorable à la bourse…

Autant de mouvements contreproductifs pour celui qui a choisi ses mouvement en bourse en fonction de l’actualité

Pendant ce temps, j’ai pour ma part suivi ça de loin, fait très peu de mouvement. J’ai très peu réagi aux infos si on excepte un achat à très bon compte (550 €) de Financière de l’Odet au lendemain du Brexit (oui, il fallait m’expliquer en quoi le Brexit pénalisait les activités africaines de Bolloré au point que cette action décroche de plus de 30%… 😉 ).

Et avec un rendement de l’ordre de 20% sur 2016 , mon portefeuille va faire cette année une de ses meilleures sur-performances par rapport aux indices (le CAC est à +8% et le S&P500 à 12% à l’heure où j’écris ces lignes).

Certains diront que 8% de surperformance n’est pas si terrible. Mais si on me proposerait une telle sur-performance de 8% par rapport au marché sur la durée, je signerais tout de suite des 2 mains. Je rappelle que sur 20 ans un portefeuille à 18% de rendement annuel serait multiplié par 27 quand un portefeuille à 10% ne le serait “que” par 6.

Conclusion

Eviter les erreurs est le meilleur moyen de gagner de l’argent en bourse. Ainsi, celui qui saurait capter 85% des années de hausse de la bourse, et resterait à zéro les années négatives sur-performerait le marché de plus de 4% (NDLA : je n’ai fait le calcul que sur une période donnée mais c’est pour illustrer l’idée) :

  • 100 000 € composés à 9% de rendement annuel sur 15 ans donnent 364 000 €.
  • 100 000 € composés à 13% de rendement annuel sur 15 ans donnent 625 000 €.

Au bout de 15 ans, dans cet exemple on voit que 4 points de rendement annuel vous permettent d’avoir un portefeuille du double de valeur. D’où l’importance d’éviter les erreurs coûteuses.

Ne cherchez pas à choisir vos mouvements en bourse en fonction des nouvelles ou informations quotidiennes dont vous êtes inondés, c’est le meilleur moyen de perdre de l’argent !

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5 réflexions au sujet de “L’erreur la plus coûteuse en bourse, déduite de l’observation de ceux qui me demandent conseil.”

  1. Quand on me pose des questions sur l’investissement boursier, je réponds par une simple question ; quand tu achètes un frigo, est-ce que ton achat suit les conseils du vendeur?
    la simple réponse à cette question en dit très long sur le profil de l’interlocuteur… et éventuellement constitue une invitation à la réflexion de base sur l’investissement!

    Meilleurs vœux à vous de même Julien!

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  2. Bonsoir, et très bonne année 2017.
    Dans son dernier livre, Bernard Mooney proposait de faire un point rétrospectif sur les ventes qu’on a effectuées : de voir si elles étaient pertinentes, si le cours de l’action avait continué à monter ou baisser après. J’ai trouvé ce point très intéressant, pour me rendre compte que surréagir tout court, et pas seulement aux nouvelles, est en fait souvent bien moins productif que de ne rien faire.
    Mais ça demande une éducation, une sorte de discipline, et quelque part se fixer des limites, et s’y tenir.
    Par exemple fin 2014 j’avais acheté un panel de minières, notamment d’argent….j’ai craqué courant 2015 (j’ai en fait sous-estimé mon manque de tolérance à la baisse de cours), alors que je connaissais ce risque, et que j’avais une stratégie non pas à court-terme, mais vraiment de détention à long terme.
    Moralité, si j’avais gardé mes titres, j’aurais bien performé en 2016.
    Il m’est arrivé de même en 2007-2008…si j’avais gardé les titres que j’avais, j’aurais eu une sous performance relativement réduite au coeur de la crise….et après j’aurais bien performé.
    Donc il faut vraiment se tenir à sa stratégie, et si on n’en est pas sûr, ou pas sûr d’assumer les risques, s’abstenir.
    Mais il faut vraiment être conscient des décisions qu’on prend, pourquoi on les prend, et avoir une stratégie claire à suivre, et la suivre…et laisser le bruit et la rumeur à ce qu’ils sont. Et c’est un entrainement au sang froid permanent.
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    • Oui Lausm.
      Un conseil que je donne à la fin de la dernière version d’Investir en bourse : styles gagnants, styles perdants, et qui me parait une des meilleures choses à faire, est de tenir un petit carnet (papier ou électronique), où à chaque fois qu’on effectue un achat ou une vente (ou un allègement/renforcement) on écrit dedans pourquoi on a pris cette décision.

      Le relire alors rétrospectivement et régulièrement est alors un très bon moyen de progresser et de s’améliorer en tant qu’investisseur.

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  3. Je suis globalement d’accord avec vous, il ne faut pas sur-réagir, mais réagir quand même (tout un art).
    Quant aux stop-loss, je suis aussi passé par là… Parfait pour perdre de l’argent, ou alors pour éviter d’en gagner !

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