Interview de Tanguy Caradec, le blogueur qui sait faire parler les gérants star !

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’interviewer Tanguy Caradec, blogueur connu notamment pour ses interviews de gérants comme William Higgons ou Jim Rogers qu’il partage sur son blog Investir et devenir libre. Comme moi, Tanguy est un blogueur atypique, qui n’est pas monomaniaque en se focalisant uniquement sur 1 seul pilier comme la bourse ou l’immobilier : comme moi, il considère qu’une construction de patrimoine sera plus rapide et efficace si elle repose sur les 3 piliers (bourse, immobilier, et entrepreneuriat), et que la gestion d’un patrimoine constitué doit à minima à la fois inclure bourse et immobilier. Ces ressemblances avaient conduit Tanguy à m’interviewer sur son blog il y a quelques mois, et je lui rends donc logiquement aujourd’hui la pareille. En outre, contrairement à beaucoup de blogueurs sur l’indépendance financière qui sont de jeunes célibataires, Tanguy a la particularité de combiner ce projet avec une vie de famille incluant 4 enfants. Je remercie Tanguy pour ses réponses détaillées et sans langue de bois, et vous laisse découvrir l’interview ci-dessous.

 

Julien : Bonjour Tanguy, est ce que tu pourrais te présenter ?         

Bonjour Julien et merci pour cette interview. Je suis ravi de partager mon expérience avec tes lecteurs sur ton blog qui est selon moi l’un des tous meilleurs pour la qualité de son contenu.
J’ai 39 ans, marié avec une femme merveilleuse et papa de 4 enfants. Après Paris et Londres, notre famille est installée à Bordeaux depuis 4 ans et je travaille comme cadre dans un société de services internationale pour laquelle je voyage beaucoup.

En 2013, j’ai créé le blog investir et devenir libre pour partager mes investissements et aider d’autres personnes à investir leur argent, qui souvent ne sont pas ou mal conseillés. L’épargne des français a rapporté 2,5% par an depuis 30 ans, c’est très faible alors qu’il aurait été simple de faire 3 ou 4 fois mieux

Julien: Parlons de ta philosophie d’investissement. Quelle est ton approche ?

Je privilégie la recherche de bonnes affaires : des actifs de qualité à bas prix. Je recherche idéalement des périodes de fort stress pour acheter des actifs injustement délaissés. Je cherche à tirer parti des périodes de peur pour investir à contre courant. Je cherche à réduire le risque en comprenant dans quoi j’investi.

Concrètement, cela veut dire que je vais investir dans de l’immobilier avec un rendement élevé et une perspective de hausse (comme l’immobilier aux USA après les subprimes) et des actions (comme Easyjet après le Brexit).

A l’heure actuelle, pour les actions, la majorité de mon portefeuille actions est investi en trackers indiciels à bas couts qui assurent sur le long terme un rapport rendement / temps passé idéal (si on applique la bonne méthode). C’est une approche très simple que peut appliquer sans risque un parfait débutant préalablement formé.

A l’inverse je ne touche pas aux valeurs à la mode ou bien au bitcoin. Je ne considère pas non plus que le livret A soit un placement, il est utile certes et j’en ai un, mais uniquement pour quelques liquidités pour parer à un imprévu. L’immobilier et les actions sont mes supports favoris mais je détiens également de l’or et occasionnellement des matières premières si l’opportunité se présente, je me définis comme un pragmatique.

 Julien: J’apprécie ton blog. Notamment, tu te distingues dans la blogosphère par 2 choses :

  • Tes investissements immobiliers aux USA
  • Tes interviews de gérants « stars » en bourse

 On va parler des deux. Commençons par l’immobilier aux USA ? Quand as-tu investi et pourquoi ? Quel est ton retour d’expérience aujourd’hui en positif et négatif ?

Après beaucoup d’erreurs de jeunesse, j’ai décidé de me former et d’investir sérieusement en 2010. A cette époque l’immobilier me tentait beaucoup mais les prix à Paris (ou j’habitais) étaient déjà très élevés et le rendement net de frais faible (1% pour l’appartement que je louais alors). Investir en province était plus rentable mais pas forcément évident à gérer à distance. Et je n’étais pas à l’aise d’acheter après la forte hausse des prix depuis 10 ans comme l’expliquait Jacques Friggit.

Je me suis alors rendu compte que la bulle immobilière avait éclaté aux USA et j’ai découvert que les prix y avaient baissé jusqu’à 70%. On pouvait alors obtenir des biens bradés avec des rendements bruts de 20%. Il était raisonnable que le marché rebondirait une fois que le pessimisme serait purgé et le crédit des ménages serait normalisé. Les USA restent la première puissance économique mondiale ! A l’époque, le pessimisme était extrême : on pouvait lire que certains ménages US préféraient louer plutôt qu’acheter car, suite à la baisse, l’immobilier était perçu comme un actif risqué. Selon moi, il s’agissait d’autant de signes favorables car j’avais appris que c’est lorsque que tout le monde est du même côté d’un bateau qu’il faut aller de l’autre côté. J’ai rencontré ensuite trois investisseurs qui avaient fait la démarche d’acheter des biens immobiliers aux USA et qui étaient très positifs.

J’ai acheté ma première maison fin 2011, me demandant encore si tout allait se passer comme prévu. Pendant la première année, le rendement a été parfaitement au rendez-vous et ensuite j’ai continué en y investissant jusqu’à 80% de mon patrimoine. J’avais même essayé d’emprunter pour investir mais les banques refusaient, considérant cet investissement trop risqué ! Entre 2011 et 2014 j’ai acquis en tout 5 maisons cash sur trois villes différentes : Tampa, Birmingham et Atlanta.

Mon retour d’expérience est largement positif même si j’ai fait des erreurs d’excès de confiance sur mes 2 derniers achats à Atlanta.

Le plan s’est déroulé comme prévu avec une reprise des prix de l’immobilier qui reviennent actuellement sur les niveaux de 2008. Ma première maison m’a permis de multiplier ma mise par par 4 en 6 ans, je donne le détail dans cette vidéo. Dans 2 ans, les loyers cumulés nets de charges seront égaux à la valeur d’achat. J’ai bénéficié depuis 2011 de la hausse du dollar par rapport à l’euro.

Néanmoins je retiens de cette expérience qu’il faut cibler des biens de qualité qui profitent plus de la reprise que des biens d’entrée de gamme.

Début 2018, j’ai nettoyé mon portefeuille en vendant 2 maisons qui étaient mal gérées par l’agent sur place et en rachetant 2 autres biens ce qui devrait améliorer le cash-flow (environ 4,000$/mois de loyers bruts). Il est essentiel d’avoir un bon gestionnaire sur place qui s’assurera de l’entretien de la maison et du choix des locataires. Pour cela, le mieux est de se faire accompagner par quelqu’un qui a déjà un réseau de qualité aux USA, je ne conseille pas d’y aller tout seul.

Julien: Sur la bourse, tu as réussi à interviewer William Higgons d’Indépendance et Expansion (l’interview est très instructif, j’aime beaucoup et j’en ai déjà parlé sur le blog, et donc je vous conseille sa lecture…) et le célèbre Jim Rogers. Que peux-tu me dire au sujet de ces expériences ?

C’est fantastique d’avoir pu faire cela, et c’est grâce à ce blog. Je n’aurais jamais imaginé faire cela un jour. Ce que je retiens c’est qu’il faut se lancer. Au pire on obtient un refus mais si cela passe, c’est le bonheur assuré. D’ailleurs je n’ai jamais eu de refus d’interview.

Je suis vraiment un grand fan de Jim Rogers et j’avais lu tous ses bouquins avant de le rencontrer (ce qui ne veut pas dire que je suis d’accord avec toutes ses prévisions toutefois). J’ai trouvé sur son site une conférence ou il était invité à Londres. Et je me suis débrouillé pour me faire inviter sous mon identité de bloggeur. Après la présentation, je suis allé discuter avec Jim Roger qui m’a donné sa carte et son accord pour une interview.

William Higgons est lui un personnage beaucoup plus discret mais dès que j’ai vu ses performances (+3200% !!!) son approche méthodique et sa relative absence des médias, j’ai su que je voulais l’interviewer. C’est un gérant exceptionnel, très intelligent et avec une grande indépendance de jugement. Il gagne largement à être connu et je l’ai trouvé très accessible pour son niveau de succès ! C’était passionnant.

 Julien: Y-en-a-t-il d’autres de prévus ?

Pour ma part, je te suggère J-F Delcaire d’HMG Decouvertes que j’avais croisé en 2013 à un repas organisé par des membres d’un forum dont nous étions tous les 2 membres, et qui paraissait être quelqu’un d’accessible. Je viens de voir qu’il venait d’ obtenir le Globe de la gestion 2017 dans la catégorie Actions France : petites et moyennes capitalisations.

Sinon Romain Burnand ou François Badelon si on veut rester dans les gérants des meilleurs fonds français 😉

Merci pour la suggestion, je veux bien que tu me mettes en contact avec lui 😊 car je n’en ai pas de prévu et je n’ai fait aucune démarche en ce sens à ce jour. Romain Burnand et François Badelon sont également des gérants de grande qualité et ce serait un honneur de les interviewer.

Julien: Quelle a été ta plus grosse erreur dans ton parcours ?

J’en ai fait tellement ! Comme de faire un prêt étudiant à 4% pour l’investir sur un produit structuré d’une grande banque française devant rapporter 40% sur 3 ans, sauf si la bourse baissait de plus de 40%. Problème : nous étions en 1999, un vrai carnage

Mais la plupart de mes erreurs ont une racine commune, c’est l’ignorance. Ma plus grosse erreur est d’avoir mis du temps à me former auprès des bonnes sources. L’éducation est la clé de la réussite et le manque de bonnes connaissances le terreau de l’échec.

Julien: Que recommanderais-tu à un jeune qui se lance dans la gestion de patrimoine ou dans l’investissement aujourd’hui ?

Se former sans aucun doute, auprès de gens ayant un track record réel sur longue durée. Je suggère plusieurs ressources ici mais il en existe beaucoup d’autres. Bien faire attention aux charlatans, vendeurs de reves et autres défiscalisateurs. Il y a tellement de stratégies perdantes voir d’arnaques qui veulent votre argent. Comme disait Warren Buffett : la règle numéro 1 est de ne pas perdre d’argent.

De plus il faut se lancer. Car l’investissement s’apprend en le faisant, pas uniquement en lisant des bouquins ou en suivant des formations. Au-dela de la technique, il est primordial de travailler sa psychologie à l’épreuve des évènements. Se lancer tot et/ou avec de petites sommes pour que les erreurs du début, s’il y en a, ne coutent pas trop cher. Il vaut mieux faire des erreurs sur 10,000 euros que sur 1 million d’euros.

 Julien: Exact, c’est aussi ce que je répète souvent : ce n’est pas en gérant un portefeuille virtuel qu’on peut appréhender et mettre à l’épreuve la partie émotionnelle, qui est une composante essentielle de l’investissement en bourse. Mais il faut mieux faire les erreurs avec des sommes qui seront vue comme petites 20 ans après celles-ci, mais qui nous tiennent quand même en coeur quand on les perd jeune.

Quelle est la dernière action que tu as achetée ? Quel est ton sentiment sur les marchés aujourd’hui ?

C’est Easyjet. Attention, il ne s’agit pas d’une recommandation même si j’aime beaucoup le business model. Voici ma thèse au moment de l’achat en aout 2016. La valeur cotait 8 fois ses profits. Elle bénéficie toujours d’un avantage structurel (low cost) sur ses concurrents aériens. Suite au Brexit, la valeur avait baissé de 40% mais le business ne devait pas être impacté trop fortement car la société a entamé les démarches pour son passeport européens. De plus cette société avait un bon historique de croissance, un bilan solide et prenait régulièrement des parts de marchés en Europe sur ses concurrents traditionnels, moins efficaces. Pour ne rien gâcher, le dividende était de 5%. Je suis toujours actionnaire à ce jour, le cours ayant depuis rebondi de près de 80%

Sur les marchés, mon sentiment est que l’économie est clairement en haut de cycle, le taux de chômage est très faible aux USA et dans la plupart des pays d’Europe, les ventes de voitures neuves sont au plus hauts et l’immobilier dans les grandes villes également.

Je ne sais pas combien de temps cela va durer – le patron de JP Morgan a récemment déclaré qu’il voyait encore au moins trois années de croissance.  Il existe beaucoup de facteurs de soutiens : croissance mondiale forte portée par une hausse quasi générale de la démographie adulte, du niveau de vie et d’éducation et d’expansion du capitalisme, faibles taux d’intérêts…

Mais il faut être prêt psychologiquement pour la prochaine récession qui arrivera inévitablement et sera l’occasion de faire les soldes. Je rêve de pouvoir acheter des actifs à 50% de leur prix actuel.

Mais il faut être prêt psychologiquement pour la prochaine récession qui arrivera inévitablement et sera l’occasion de faire les soldes. Je rêve de pouvoir acheter des actifs à 50% de leur prix actuel.

Julien : quelle sont tes passions en dehors ou à côté de l’investissement ?

J’aime beaucoup passer du temps en famille, jouer avec mes enfants, déjeuner avec mon épouse, aller à la plage l’été et faire du ski l’hiver.

J’aime bien courir : je suis devenu un coureur régulier de semi-marathon et avec des entrainements 2/3 fois par semaine j’arrive à faire de bons chronos (1h33 au semi-marathon de Bordeaux).

J’adore aussi lire des bouquins sur l’investissement, le développement personnel, la géopolitique et regarder des documentaires.

Mais surtout j’ai la chance de partager une passion avec mon épouse : faire du bateau à voile. Cette année, nous ferons pour la première fois une semaine de bateau tous les 6 à La Rochelle

Julien : je pense qu’un peu comme moi, tu utilises ton blog pour satisfaire tes appétences pour l’entrepreneuriat. Pour les lecteurs intéressés par ces aspects-là, recommandes-tu des livres sur ce sujet spécifique ?

Tout à fait, même si j’aime mon travail, j’ai toujours voulu créer mon entreprise ! Mon blog me permet de partager mes connaissances sur un sujet qui me passionne et de créer une activité que j’aime développer. Sur le blogging, je conseille d’aller écouter les pros à la source, c’est-à-dire aux USA. Jeff Walker, Pat Flynn, Michael Hyatt pour en citer quelques uns. En plus des livres, on peut écouter leurs podcasts ou vidéos, c’est très utile pour se former. En livre français, je connais moins mais je peux citer celui d’Olivier Roland, Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études, qui est très complet et dont l’auteur m’a beaucoup inspiré pour créer mon blog.

 Sur l’investissement en général, si tu ne devais citer qu’un seul livre qui a changé ta vision de chose, lequel serait-ce ?

Très difficile de n’en retenir qu’un seul ! J’ai été marqué par le livre de Jim Rogers Leçons d’investissement d’un père à ses enfants qui m’a fait comprendre qu’investir consistait à rechercher de bonnes affaires, en comprenant ce que l’on fait. Je l’ai résumé ici.Je recommande souvent d’autres livres pour commencer à se former comme ceux de Peter Lynch ou Warren Buffett, j’ai fait une liste de recommandations ici.

 Julien: Dans ton actualité, j’ai vu que tu lançais une formation PEA. Peux-tu nous en dire plus ?

Des lecteurs m’ont sollicité pour les aider à investir concrètement et pour répondre à ce besoin, j’ai créé une formation complète.

  • un guide de 80 pages
  • 7 modules vidéos
  • Un groupe facebook privé où je publie mon portefeuille réel, des webinaires pour faire le point sur les marchés,…) permettant à un parfait débutant de mettre en place, étape par étape, un investissement en bourse.

Mes premiers élèves m’ont fait des retours très positifs, à la fois sur la forme et le fond. Je relance donc une nouvelle session. Pour ceux qui veulent en savoir plus, j’organise deux conférences gratuites en ligne début juillet. Pour les suivre, inscrivez vous sur ma chaine youtube  en cliquant ici.

Cette formation s’adresse donc à ceux qui veulent investir en bourse mais ne savent pas comment s’y prendre et qui du coup procrastinent.

Bien investir en bourse est en fait très simple, moins risqué que le livret A ou les fonds euros à long terme, et ne demande aucune qualification particulière. Uniquement d’appliquer une méthode éprouvée.
Si j’avais appliqué à mes débuts ce que j’enseigne, je serais beaucoup beaucoup plus riche aujourd’hui, j’aurais gagné des milliers d’heures et de la tranquillité d’esprit.

Comme dit Warren Buffett, en bourse le risque vient de ne pas savoir ce que l’on fait.

Julien: Où peut-on te suivre ?

En vous inscrivant sur la newsletter du blog et sur youtube

Pour tes lecteurs, je voudrais offrir un cadeau. Si vous vous inscrivez à ma newsletter, envoyez moi un message en répondant à l’email d’inscription et je vous enverrais gratuitement le guide de 80 pages de la formation

Merci Tanguy pour cet interview, et ravi de t’avoir accueilli sur ce blog. Au plaisir de se recroiser à l’occasion !

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