Mon investissement préféré pour 2015.

Je n’aime pas trop les prévisions de début d’année. Comme disait Buffett, elles en disent plus sur ceux qui les font que sur l’avenir. L’an dernier, j’avais même été un peu ironique en rédigeant cet article sur mes prévisions 2014.En 2013, j’avais néanmoins accepté d’écrire un article sur mes perspectives 2013 à l’invitation du blog Avenir plus Riche.

Blog que je tenais à remercier pour m’avoir ensuite interviewé ici à l’occasion de la sortie d’Investir en bourse : styles gagnants, styles perdants : Interview de Julien Delagrandanne sur son dernier livre. Or, sans faire de vraie “pronostic”, je m’étais contenté de citer mes 3 entreprises préférées. Il se trouve que les actions de ces 3 entreprises ont eu un parcours boursier très enviable par la suite. Je vais donc cette année repartir dans cette voie : ne pas me livrer à des prévisions hasardeuses comme de trop nombreux médias ou soit-disant experts, mais néanmoins vous livrer le nom de mon entreprise préférée à des fins d’investissement en ce début d’année 2015 (dans un type d’actions “grand-public”).

Mon investissement préféré à début 2015 n’est pas une entreprise du secteur pétrolier. Pourquoi ?

Le secteur pétrolier pourrait en effet apparaître comme un achat value en ce moment avec la baisse des prix du pétrole et la purge qui a suivi sur les actions des entreprises du secteur.Cependant, j’intitulais un chapitre de ma Newsletter de décembre “Avantages concurrentiels d’un secteur vs. Avantages concurrentiels d’une entreprise”.En bourse, il est en effet toujours bon d’analyser les avantages concurrentiels de l’entreprise dans laquelle on investit (a fortiori avec un style GARP).

Comme disait Benjamin Graham, l’investissement est plus efficace quand il est le plus “businesslike” : en gros, un investisseur en bourse doit savoir raisonner comme un entrepreneur.
Or, la présence d’avantages concurrentiels est nécessaire pour que la croissance puisse créer de la valeur pour l’actionnaire : vous pouvez si nécessaire relire ici cet article qui explique ce principe.

Les entreprises pétrolières ont depuis longtemps eu un avantage concurrentiel au niveau du secteur consolidé, grâce à l’OPEP qui pilotait le prix de vente par la maîtrise des quotas.

La purge récente sur le prix du pétrole (de près de 100 $ à 65 $ environ le baril), et l’onde de choc qui a suivi sur le prix des actions des majors pétrolières, et dans de plus amples proportions parapétrolières (Technip, Vallourec…) montre qu’un avantage concurrentiel au niveau d’un secteur d’activité sera toujours moins puissant et + en risque de disparition qu’un avantage concurrentiel au niveau d’une entreprise donnée.

L’apparition de nouveaux producteurs hors OPEP (pétrole de schiste américains) a en effet réduit la possibilité pour l’OPEP de contrôler l’offre, et ainsi de soutenir les prix, comme elle le faisait par le passé.

Il peut ainsi sembler moins compliqué de défendre sur une longue durée un avantage concurrentiel lorsqu’il se situe au niveau d’une entreprise donnée (la supériorité perçue de la marque Coca-Cola, les coûts de transfert de Microsoft, ou l’effet réseau de Facebook) que d’un secteur tout entier comme avec le pétrole…(A profondeur égale), plus la frontière entourant le château est longue, plus elle est en effet difficile à garder !

Attention tout de même : un changement de paradigme peut malgré tout arriver au niveau d’une entreprise donnée… L’effet d’échelle sur la fabrication de ses pellicules n’a plus guère été utile à Kodak le jour où tout le monde s’est mis à prendre ses photos en numérique.

Cette différence entre la faiblesse relative des avantage concurrentiels d’un secteur par rapport à ceux d’une entreprise donnée est la 1ère raison ayant fait que mon choix ne s’est pas porté vers une entreprise du secteur pétrolier.

La seconde est qu’il est toujours bon de savoir prendre un peu de recul et de replacer les choses dans une perspective plus longue :

Prix historiques du pétrole

Mon investissement préféré à début 2015 est une entreprise GARP : IBM

Si je raisonne en action typée “grand public”, donc communicable dans ce genre d’articles*, mon entreprise préférée est aujourd’hui IBM.

Les raisons sont les suivantes :

1. Une entreprise avec un avantage concurrentiel fort. Morningstar confirme le ressenti de mon analyse personnelle en la classant en wide-moat dans son référentiel.

2. Un cours de l’action qui permet d’investir avec une marge de sécurité. Elle se paye un peu moins de 10 fois les profits, ce qui constitue une exception parmi les méga-caps avec un risque opérationnel faible. Son cours est au plus bas depuis septembre 2011. Disons que dans le genre Méga-cap & Entreprise extraordinaire, je ne vois pas ce qu’on peut trouver actuellement de mieux sur le marché en termes de prix, à un moment où la plupart des entreprises avec des avantages concurrentiels forts ne sont pas données.

3. L’allocation du capital est très intéressante. Outre les rachats d’actions, l’entreprise essaie de se concentrer sur les activités où elle a la marge la plus élevée et où elle peut être numéro 1. Cela implique du downsizing sur les autres activités, et un chiffre d’affaires qui reste au même niveau qu’en 2008. C’est d’ailleurs cela que semble sanctionner le marché et qui nous permet d’acheter l’entreprise à ce prix d’ami. M. Le Marché ne verrait-il pas qu’il se passe quelque chose en toile de fond chez IBM, une transformation qui rappelle en certains points le 3ème style gagnant?

* Un investisseur entreprenant et expert pourrait utiliser l’avantage procuré par la petite taille de son portefeuille pour trouver potentiellement mieux, mais il doit savoir ce qu’il fait pour accepter certaines choses comme : volatilité plus importante, liquidité moins importante etc.

Conformité Autorité des Marchés Financiers : L’auteur de cet article possède des actions IBM, achetées le 15/12/2014 à un prix de revient moyen de 153 $ (soit 123 € avec la parité €/$ de 1.244 du jour), par arbitrage d’actions Microsoft.

 

3 réflexions au sujet de “Mon investissement préféré pour 2015.”

  1. La thèse se confirme : le profit et le free cash flow par action augmente, alors que le chiffre d’affaires baisse. C’est tout à fait conforme à la thèse évoquée ci-dessus.

    Le marché ne regarde que la baisse du CA, et le titre est sanctionné d’un moins 5%, et retombe à 165 $. En tant que copropriétaire de ce business, je suis pourtant ravi de tels résultats, sans surprise vis-à-vis de ma thèse d’achat.

    Le mouvement de marché peut créer un point d’entrée pour ceux qui sont intéressés par cette Société sans l’avoir acheté. Même si le prix à payer pour l’action est, malgré la baisse de ces jours-ci, encore sensiblement supérieur à celui au moment de la publication de l’article (a fortiori si on tient compte du taux de change, et raisonne en Euros)

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  2. Bonjour Julien,
    Tout d’abord félicitation pour ce blog que j’ai découvert dans le club IF dont je suis membre.
    Je viens d’acheter 30 actions IBM au cours de 139€ (parité = 1.12).
    Quelle valeur intrinsèque aatribureriez-vous à IBM?
    D’autre part, dans quelle industrie opére votre deuxième investissement préfère?
    Merci
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    • Bonjour Lionel,

      Pour IBM, il y a quelques inconnues sur comment se déroulera la transformation de la Société.

      J’estime la valeur intrinsèque actuelle entre 180 et 200 $, avec un potentiel supplémentaire significatif (option de croissance) si la restructuration des activités se déroule correctement.

      Mon 2ème investissement préféré est dans le secteur des technologies de l’information (mais acheté avec un PRU inférieur de 20% au cours du jour, malgré le mini-krach qui a eu lieu aujourd’hui…).

      Ce n’est pas leur valeur préférée, mais ce qu’il y a de bien avec l’Investisseur Français, c’est que l’on peut utiliser leur site de plusieurs façons : pour ma part, plutôt que de recopier leur portefeuille ou de charger sur leurs plus fortes convictions comme certains, je repars de leurs analyses détaillées. Celles-ci partent en effet de la base, la lecture détaillée des rapports annuels.

      Soit celles-ci me font découvrir des entreprises décotées que je connaissais pas, soit (comme dans le cas présent) elles me font gagner du temps dans le traitement fastidieux des chiffres comptables.

      Ensuite, je me fais mon propre avis sur la qualité du business à terme, et selon je l’introduis (et le size) ou non dans mon portefeuille (celui étant donc moins influencé par leurs choix et ressemblant du coup, je pense, moins à ceux des membres de l’Investisseur Français que celui d’autres abonnés)

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