Peut-on améliorer son bonheur ressenti (3/3) ? Le sens (petite pensée d’août)

Nous avons vu en juin avec les émotions positives et en juillet avec l’engagement (flux/expérience optimale) les 2 premières dimensions qu’intègrent les études de psychologie positive dans la théorie du bonheur authentique.

Nous allons ce mois-ci explorer la troisième dimension du bonheur, qui est le sens.

Trouver du sens va au-delà du plaisir égoïste, c’est chercher à réaliser – ou s’investir dans – quelque chose de plus grand que soi.

Laissons la parole à Martin Seligman avec un extrait de son livre S’épanouir :

[…] La troisième composante du bonheur est le sens. J’ai une expérience optimale pendant que je joue au bridge, mais lorsque je me regarde dans la glace après un long tournoi, je suis envahi par l’impression que je vais m’agiter vainement jusqu’à la fin de ma vie. La recherche de l’engagement ou du plaisir est souvent une entreprise solitaire qui tient du solipsisme.
C’est pourquoi les êtres humains éprouvent le désir irrésistible de trouver un sens et un but à leur vie. Une vie qui a un sens consiste à s’identifier et à servir quelque chose qui dépasse la personne, et l’humanité a créé des institutions de toutes sortes pour y parvenir : la religion, le militantisme politique, l’engagement écologiste, le scoutisme ou la famille.

Le sens (défini comme « appartenir à et servir quelque chose que vous considérez comme plus grand que votre personne ») est la troisième composante du bien-être. Il comporte une part de subjectivité (« Cette discussion que nous avons eue toute la nuit au foyer des étudiants n’était-elle pas la discussion la plus géniale du monde ? »), et peut donc être intégrée à la catégorie de l’émotion positive. Souvenez-vous que l’élément subjectif est le seul à prendre en compte quand il s’agit d’émotion positive car la personne qui l’éprouve ne peut se tromper sur son plaisir, son extase ou son confort : c’est ce qu’elle ressent qui clôt le débat. Or, ce n’est pas tout à fait vrai en ce qui concerne le sens. En effet, dans le feu des débats, vous avez peut-être estimé que cette discussion à bâtons rompus était importante, mais si vous y repensez quelques années plus tard et que vous ne soyez plus sous l’influence de l’herbe que vous aviez fumée ce soir-là, elle vous apparaît clairement comme un délire d’adolescents.

“Le bonheur ne s’atteint pas en cherchant à être heureux, il vient seulement comme la conséquence inattendue de travailler à un objectif plus grand que soi”, Viktor Frankl (psychiatre autrichien, milieu XXème siècle)

Le sens n’est pas uniquement subjectif. Une évaluation dépassionnée et raisonnée de l’histoire, de la logique et de la cohérence des actes d’un individu peut contredire un jugement subjectif. Ce grand mélancolique qu’était Abraham Lincoln 28 a pu, dans son désespoir, estimer que sa vie ne rimait à rien alors que nous la considérons comme une vie pleine de sens.[…]

Les 3 composantes du bonheur que nous avons vues (émotions positives, engagement/flux/expérience optimale, et sens répondent chacune aux trois propriétés suivantes  :
1. Elle contribue au bien-être.
2. De nombreuses personnes la recherchent pour elle-même et pas seulement pour obtenir l’une des autres composantes.
3. Elle est définie et mesurée indépendamment des autres (exclusivité).

J’espère que ces 3 méditations des derniers mois  inspirées de la théorie du bonheur authentique et de la psychologie positive, véritable démarche d’investigation scientifique (qui rappelons-le n’a rien à voir avec ces sortes de méthode Coué qu’est la “pensée positive”, comme nous l’avions préalablement expliqué en juin), vous ont plu.

A partir de ces 3 dernières méditations estivales, nous pouvons donc aboutir à la conclusion suivante : Essayer d’avoir des émotions positives, des moments d’état de flux, et trouver des activités qui font sens pour vous devrait donc pouvoir contribuer à améliorer votre bien-être ressenti.

Même si associer ces éléments en séquence devrait déjà donner des résultats, l’idéal est atteint quand on arrive à les associer de manière synchrone.

Pensez par exemple à un musicien professionnel qui aurait fait de sa passion son travail. Lui arrive à ressentir des émotions positives (puisque c’est devenu sa passion, il est probable qu’il associe la musique à une émotion positive), il est probablement en état de flux (son activité nécessite une pleine concentration, et à partir du moment où il ne joue pas facile mais s’avance “assez près du précipice” pour donner à son public un aperçu du meilleur de lui même, il est à la fois face à une tâche assez difficile et pour laquelle il utilise des compétences élevées – mais qu’il possède), et il peut trouver du sens dans son activité et la considérer comme servant une cause plus grande que lui-même (par ses créations ou interprétations, il donne du plaisir, fait ressentir des émotions, ou permet de “s’évader” aux gens qui viennent le voir/l’écouter).

Cela rejoint en fait un peu notre médiation février sur le duo chemin d’une part et objectif-rêve d’autre part qui concluait que quand un objectif ou un rêve (soit a priori quelque chose qui fait sens pour nous), il faut savoir du prendre du plaisir sur le chemin qui y mène.

D’ailleurs , ceux qui cherchent dès un assez jeune âge à atteindre une future indépendance financière, ne veulent pas à terme “ne plus rien faire”. Au contraire, ils veulent souvent se libérer d’un métier qu’ils exercent pour divers raisons (en relation avec leur études, bien rémunérés) mais qui ne les satisfait pas pleinement en terme de sens, pour pouvoir être libre d’occuper leur temps à ce qui fait vraiment sens pour eux.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la recherche d’une future indépendance financière (liée à la thématique de ce blog) est rarement quelque chose de totalement égoïste, car ce fameux but à terme “qui fait sens” est souvent empreint de plein d’altruisme… C’est ainsi que je trouve moi-même mon propre sens à l’écriture de mes livres d’investissement : ceux-ci sont en effet principalement orientés vers des jeunes pour le accompagner dans leur route vers l’indépendance financière en leur donnant méthodes et clés de réussites, plutôt que par exemple là pour aider des patrimoines déjà constitués à échapper à l’impôt (thématique sur lesquelles certains auteurs se sont quant à eux spécialisés)…
J’espère ainsi créer un effet de levier, permettant au plus de gens possibles de réaliser à terme leurs projets faisant sens pour eux. Tout en continuant parallèlement de mettre en place pour moi ce qui me permettra de faire de plus en plus – voire de“ne plus faire que” – des activités librement choisies, faisant sens pour moi et aidant l’intérêt général.

Pour aller plus loin :

Le but de la théorie du bonheur authentique, telle que Martin Seligman l’avait exposée dans La fabrique du bonheur est d’augmenter le bonheur personnel des individus sur terre.

Après dix ans de travaux et de retours d’expérience, il l’a améliorée pour arriver à ce qu’il appelle la théorie du bien-être, qui vise à avoir une vie plus épanouie, tant sur un plan personnel qu’à l’échelle de la planète. Outre les 3 composantes déjà observées dans la théorie du bonheur authentique (émotions positives, engagement/état de flux, sens), la théorie du bien-être ajoute 2 autres composantes : la réussite, et les relations personnelles positives. La théorie du bien-être est décrite dans le livre S’épanouir ci-dessous :

 

 

 

 

 

8 réflexions au sujet de “Peut-on améliorer son bonheur ressenti (3/3) ? Le sens (petite pensée d’août)”

  1. ça m’a fait penser aux paroles de la chanson de Calogero : “jai perdu l’existence et le sens” 😉
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  2. M’intéressant vaguement à ces thèmes, j’ai beaucoup apprécié cet ensemble de 3 articles. Donnent envie de creuser. Merci !
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  3. Cela fonctionne t il vraiment. Celui qui cherche à se créer son bonheur en quelque sorte “artificiellement” ne risque t il pas à l’arrivée plutot de l’ alterer ?
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  4. bonjour Julien,

    je connaissais vos livres, vos interventions dans le club IF, je découvre à présent votre blog? seriez-vous partout?? ^^

    alors le bonheur… vaste sujet que voici. Pour y avoir échappé durant de nombreuses années très noires, j’ai eu l’occasion de l’observer, le décortiquer avec un certain recul!
    Et ce que j’en retiens, c’est que les gens se rendent malades à chercher des moyens d’être heureux. s’obsèdent et s’obstinent à acquérir les moyens de se faire plaisir. cercle vicieux.
    Je pense que “la quête du bonheur est un leurre : il suffit se SAVOIR APPRECIER ce que l’on a”
    ce qui n’est pas incompatible avec l’ambition, mais celle-ci est parallèle, pas la condition au bonheur.

    le bonheur n’est évidemment pas réservé aux gens qui ont des moyens, mais à ceux qui s’en donnent les moyens “de l’esprit”.
    Déconditionnons nous, apprenons les plaisirs qui ne nécessitent pas de carte bancaire. Et nous ré apprendrons les plaisirs simples, ceux que l’on piétine à trop regarder ailleurs…

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    • Bonjour,

      C’est le début de la célébrité si on commence à avoir l’impression de me croiser partout. 😉
      En tout cas, partout peut-être pas, mais si être à plusieurs endroits me permet de recroiser certains des lecteurs de mes livres, cela me fera toujours plaisir…

      Vous n’êtes pas le 1er à réagir comme cela à cette série d’articles sur le bonheur. Ceci dit, votre discours ne me semble pas en effet antagoniste avec ce que j’ai écrit. En effet, les articles ne traitent pas d”une quête absolue du bonheur, mais s’attachent plutôt à comprendre ce qui y contribue.

      Par exemple, en ce qui me concerne : autant je savais déjà apprécier naturellement les petits plaisirs, autant le fait de comprendre l’intérêt des activités à état de flux et de celles qui font sens m’a aidé à leur consacrer plus de mon temps.

      Quant à la relation entre argent et bonheur, je ne sais pas si vous aviez eu l’occasion de lire sur cette thématique mon autre billet du blog intitulé Argent et bonheur ?

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  5. vraiment pas antagoniste en effet : il s’agit seulement de distinguer “réfléchir sur le bonheur” et “cogiter sur les moyens de se rendre heureux, ceci étant complètement antiproductif.
    la notion de flux me dépasse je l’avoue, c’est pour moi une modélisation trop mécanique d’un concept plus philosophique avec sa dose d’empirisme. ce genre de choses que je préfère exprimer avec des mots plus qu’avec des graphes.
    Ce qui ne veut pas dire que le fond serait absurde, mais juste que le fait de modéliser complexifie une chose aussi simple et accessible que le bonheur, ainsi que le chemin pour y parvenir (je ne sais pas si je suis clair là…)
    le bonheur c’est plus quelque chose d’intrinsèque que d’extrinsèque. c’est plus ce que l’on ressent que la chose qui fait que l’on serait susceptible de ressentir.
    et par conséquent, c’est plus l’aptitude (qui peut se développer) que le sujet du bonheur.
    le bonheur est donc accessible à tous quelque soit la condition.

    (bon, ben j’ai dit assez de choses intelligentes pour aujourd’hui, je peux retourner raconter des c***eries autours de moi)

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  6. Pour faire écho à cette série d’article sur le bonheur, j’aime aussi beaucoup cette citation de Sénèque (mon côté INTJ peut-être ?)

    “Etre heureux, c’est apprendre à choisir. Non seulement les plaisirs appropriés, mais aussi sa voie, son métier, sa manière de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre à ne pas répondre à toutes les sollicitations, à hiérarchiser ses priorités.
    L’exercice de la raison permet une mise en cohérence de notre vie en fonction des valeurs ou des buts que nous poursuivons.
    Nous choisissons de satisfaire tel plaisir ou de renoncer à tel autre parce que nous donnons un sens à notre vie – et ce, aux deux acceptions du terme: nous lui donnons à la fois une direction et une signification.”

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