Imaginez que vous dirigez une entreprise de chaîne de restauration (type McDonald’s). Un bon exercice pour apprendre l’allocation de capital est d’imaginer toutes les possibilités que vous auriez alors pour disposer d’un restaurant supplémentaire. Petite indice avant que vous ne commenciez à réfléchir : je vous assure que l’on peut aisément trouver 8 façons différentes de mettre alors un toit au-dessus de la tête de vos clients !
Les 8 façons d’allouer ce capital.
Voilà la réponse et le menu face auquel vous êtes. Pour acquérir un restaurant supplémentaire, vous avez les choix d’allocation de capital suivants :
- Acheter un terrain et y faire construire un restaurant.
- Acheter un terrain pour préempter l’emplacement, et y construire un restaurant plus tard.
- Stocker un bâtiment pré-fabriqué pour le déployer lorsque l’on aura trouvé le terrain adéquat.
- Acheter un bâtiment déjà existant et le convertir en restaurant.
- Vous pouvez acheter une chaîne de restaurants concurrente et convertir ses restaurants en restaurants de votre chaîne (c’est ce qu’a fait Burger King avec beaucoup d’emplacements Quick, après avoir racheté Quick).
- Calculer combien une chaîne de restaurant cotée est valorisée en bourse sur une base équivalente « par restaurant », et acheter son action. Vous auriez moins de contrôle que si vous construisiez votre restaurant vous-même, mais cela reste une façon de devenir le propriétaire d’un toit abritant des opérations de restauration. De plus, si vous pouvez avoir un bon prix et que vous êtes inquiet de risques de surcapacité qui pourraient heurter votre industrie (théorie des jeux du type Dilemme du prisonnier), cela peut être une bonne solution de croissance.
- Si votre entreprise est cotée, vous pouvez racheter vos propres actions. C’est en quelque sorte une façon de racheter vos propres bâtiments à vos partenaires.
- Décider que ce n’est pas le moment. Et attendre en gardant votre cash. Remettre à plus tard votre investissement dans un nouveau restaurant est aussi une façon d’allouer le capital. Et parfois la meilleure…
Une des nombreuses citations de Warren Buffett sur l’allocation de capital.
Warren Buffett, PDG de Berkshire Hathaway et l’une des 3 premières fortunes mondiales, a prouvé sur plusieurs décennies être l’un des meilleurs, sinon le meilleur allocateur capital. Voici ses mots à ce sujet :
« Nous avons quelques atouts, peut-être le plus important d’entre eux est de ne pas avoir de plan stratégique. Ainsi, nous ne ressentons pas le besoin d’aller dans une direction préalablement prescrite (une course qui mène quasi-invariablement à des prix d’achats idiots), mais nous pouvons simplement décider ce qui fait sens pour nos propriétaires-actionnaires.
En faisant cela, nous comparons toujours mentalement tout mouvement que nous envisageons avec des douzaines d’autres opportunités qui nous sont offertes, incluant l’achat de petites part des meilleurs business du monde via le marché actions. Notre habitude d’effectuer cette comparaison est une discipline que les managers qui ont pour focus l’expansion utilisent rarement. »
On rejoint ici l’idée que j’expliquais sur un thème un peu plus entrepreneurial, selon laquelle les business plan ne servent à rien. Comment pouvez-vous faire tant de plans si vous ne connaissez pas les opportunités qu’il y aura dans le futur ? En quelque sorte, vous vous auto-limitez en pré-décidant aujourd’hui quelles seront les meilleures opportunités dans 10 ans…
Le secret d’une bonne allocation de capital.
Le secret d’une bonne allocation de capital est d’évaluer chaque idée, de les comparer une à une et de retenir la plus logique. Et ce, même quand la meilleure est la solution 8 et consiste à attendre un meilleur menu.
Si vous êtes un investisseur expérimenté en bourse, vous devez avoir constaté que des entreprises qui raisonnent de cette manière pour leur allocation de capital sont plutôt rares.
L’approche atypique de l’allocation de capital de Berkshire Hathaway, résumée par la citation de Buffett ci-dessus, n’est d’ailleurs pas étrangère au fait que cette action soit à la fois la plus ancienne ligne de mon portefeuille boursier, et celle sur laquelle j’ai investi (de loin) le plus d’argent…
NB : Cet article est inspiré d’un chapitre du livre The Rebel Allocator :